Whatever Possessed me
Page 1 sur 1
Donnez votre avis sur cette nouvelle ! (Mauvais 1 ===> 10 Excellent)
Whatever Possessed me
Ce lien a ete ajoute par l'auteur. Il suggere cette musique comme ambiance sonore durant la lecture de son RP. Bonne lecture.
http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/chet%20baker%20whatever
Chaque nuit, la ville de Stock reposait entre ombres et lumière. L'éclairage urbain était toujours insuffisant à vaincre ce rideau compact de froid. Chaque lampadaire ne formait à qu'un simple ilot de lumière jaunâtre, insalubre, alors que tout autour règnait le pur froid nocturne. Les nuits de blizzards, cet infime cône était le seul à révéler les tourbillons violents de la neige virevoltante, et alors la ville entière semblait vouloir se refuser au passant, jusque dans ses plus infimes recoins. Sur Stock, le froid était partout.
Sur Stock, une jeune femme fumait. Adossée au poteau d'un lampadaire, elle avait une jambe appuyée contre le métal et l'autre fermement appuyée sur l'asphalte, dans la neige fondue et boueuse. C'était l'automne et la température se faisait clémente sur la ville, avec deux degrés Celsius.
Elle était svelte, un léger type asiatique était perceptible dans ses traits. Les yeux fins et attentifs, comme si jamais elle ne devait laisser une seule image échapper à sa rétine. Elle portait des cheveux assez courts, noir de jais.
Mais même le poids de son lourd caban de tissu noire ne pouvait faire oublier qu'elle était seule, et frêle. Toutefois elle paraissait parfaitement détendue, comme inconsciente de sa vulnérabilité, ses yeux se posant sur tout et n'oubliant rien. L'image même de la détermination.
Elle attendait dans ce havre de lumière de la nuit Stockienne. Fumant tranquillement une longue cigarette blanche, des volutes de fumée bleutée s'enroulant autour d'elle, elle attendait. Sans impatience, elle laissait le vent s'écouler autour d'elle, à peine remonta elle une fois le col de son manteau.
Elle resta là vingt bonne minutes, sans paraître devoir bouger. Immuable. Pourtant, lorsqu'elle jeta sa cigarette consumée d'une simple pichennette, une autre personne se tenait dans la lumière.
"Bonsoir Sophie..
-Bonsoir Yaeli."
Elles restèrent face-à-face quelques instants, sans paraître avoir besoin de parler.
La nouvelle venue était à peine plus grande, et d'un type asiatique plus marqué. Elle avait les mêmes cheveux noirs et raides qu'elle portait plus longs, noués en une longue queue de cheval. Son visage était une véritable oeuvre d'art, sculpté par un maître. Sa beauté rayonnait là ou l'autre n'était que discrète.
La première arrivée sortit de sa poche un paquet de cigarette, et l'offrit. Yaeli Xingjian attrapa une sèche. Sophie fit de même et alluma les deux cigarettes.
En lançant quelques volutes dans l'air, ce fut elle qui parla:
"Tu te sens prête?
-Et toi?" Répondit l'autre.
Curieusement, elles rirent toute deux nerveusement. Un rire qui hésitait entre complicité et incertitude. Il n'y avait nulle joie dans ce rire.
"-Bon...Allons y."
Elles quittèrent ensemble le laigre havre de lumière pour traverser la rue. En face d'elle, le trottoir était éclairé par intermitance d'un rose fluo lavasse. Le néon clignotant d'un club glauque, dans une quartier glauque, sur une planète glauque.
La lumière était rose.
"Tu es sûre que tu veux..."
L'ombre était noire.
"Oui."
Le trottoir était rose.
"Tu sais que..."
Un visage était sombre.
"Sophie...Je veux le faire."
Un rose était altéré par les vapeurs bleutée de la fumée d'une cigarette.
"D'accord."
Noir.
"Petite soeur?"
Rose. Un soupir.
Noir. Un silence.
Rose. Une inspiration.
"Je serais toujours là."
Noir. Une reconnaissance.
"Je sais."
Et le rose éclaira une jeune femme qui donnait à sa soeur une longue arme noire, équipée d'un silencieux.
Toutes deux rentrèrent dans le club.
Le club du Caveau jouait lui entre ombre et lumières. Derrière le guichet minuscule, un simple escalier en colimaçon descendait vers les profondeurs de l'endroit.
Le groupe baignait dans la lumière crue, blanche et aveuglante, des projecteurs. C'était un simple trio sans fioritures. Le pianiste était un vieil homme qui jouait avec délicatesse de ses mains noueuses,
le percussioniste jouait les yeux fermés. Hypnotisé, absorbé, ou drogué.
Le trompettiste et chanteur était un jeune homme au physique d'anorexique, on aurait juré que chaque souffle menacait d'être son dernier, mais il jouait avec la sensibilité des plus grands.
Le reste de la salle était obscur, quelques rares bougies laissaient deviner des visages et des ombres autour des tables.
Dès qu'elle furent arrivées dans la salle, les deux jeune femmes se séparèrent. Yaeli longeant la scène dans la lumière, Sophie se glissant telle une ombre entre les tables, ne quittant pas sa soeur des yeux.
Yaeli progressa jusqu'à la table qu'elle cherchait. L'homme qui y était accoudé était blond, de taille moyenne, au visage élégant.
Son visage se fendit d'un grand sourire lorsqu'il vit sa protégée s'asseoir à sa table:
"-Yaeli! Ma toute belle!
-Bonsoir." Le ton était parfaitment indifférent. Le blond s'esclaffa:
"-On est d'humeur rebelle se soir. Qu'est ce que tu me ramènes?
-Rien.
-Pardon? L'homme remua dans son costume d'un air gêné. La meilleure voleuse de Stock, ma perle, ne réussi pas à me ramener quoi que ce soit d'Avalon? Tu sais que je ne peux pas vraiment laisser passer ce genre de chose Yaeli?
-Tu ne m'a pas compris je crois. J'arrête Yvan. Elle prit une inspiration profonde avant de prononcer le dernier mot. Définitivement.
Elle avait parlé d'un ton ferme, mais on aurait pu sentir un léger tréssautement dans sa voix. Du moins sa soeur sût-elle l'entendre.
L'homme blond explosa de rire.
"-C'est donc maintenant que ça arrive? Ca fini toujours par arriver...Oh non, tu n'arrêtes pas. tu ne risques pas d'arrêter.
-Ecoutes, je...
-C'est toi qui va m'écouter chère petite chose.
Il avait soudain reprit un ton mortellement sérieux, comme si son rire n'avait été qu'une façade.
"-Ecoutes moi. Jamais tu n'arrêteras, parce que sans moi, tu n'es rien. Imagines toi sans moi...Portes closes, portes closes...Et peut-être autre chose. Il était calme, presque fataliste.
-Je tente le coup."
Aussi soudainement que si une légère trille de la trompette avait fait sauter une goupille inconnue, il se leva en renversant la tableet rugit:
"TU NE TENTES RIEN DU TOUT!"
Presqu'involontairement, la jeune femme baissa la tête. De longues années de soumission laissaient leur marque. Elle respira profondément, et lorsqu'elle la releva et planta son regard dans les yeux de l'homme, ses yeux étaient ardents.
Sans paraître même s'en rendre compte il lui attrapa l'épaule.
"Tu ne comprends pas. Tu ne feras rien sans moi. Tu m'appartiens Yaeli. Tu es ma perle."
Le pianiste plaque un dernier accord, il y eût un silence, et la voix pure du chanteur s'éleva. Comme une réponse.
"Whatever Possessed me..."
Yaeli ne put s'empêcher de sourire, un sourire de triomphe. Et comme un écho, elle parla d'une voix mélodieuse.
"Qu'importe ce qui me possède. Qu'importe même que tu me possèdes. Il suffit de le décider et..."
Elle laissa la phrase en suspend, dans le creux d'un accord doux.
L'homme la gifla. Yaeli reçut sans un geste ce qu'elle aurait aisément pût parer. Elle ne se plaignit pas, n'émit pas un son, accepta totalement l'affront. Il suffisait de le décider...Et on était libre.
L'homme hurla:
"-Mais sans moi tu n'as personne!"
De la table de derrière, sa soeur sortit alors de l'ombre. Elle tenait un long pistolet noir, équipé d'un silencieux. Elle aggrippa le cou de l'homme, lui griffant la pomme d'Adam, et lui planta l'arme dans les côtes.
Lorsqu'elle parla, sa voix était de pure haine.
"Ecoutes moi bien, Yvan le connard. Yaeli ne seras jamais seule, plus jamais. Et je crois que tu viens de faire une erreur mortelle."
Elle tira à bout touchant. La balle perfora le coeur, et Sophie retint l'homme dans sa chute, jusqu'à l'affaler complètement sur la table. Au milieu d'une trille, le coup était passé inaperçu. D'un calme absolu, Yaeli glissa une carte de visite dans la poche intérieure du costume de son ancien maître. Le billet portait la mention:
"Avec tout mon amour. Yaeli Xingjian, agente des KI-0."
Sophie et Yaeli Xingjian se levèrent et sortirent tranquillement du Caveau. Le vent était retombé sur Stock, elle disparurent dans la nuit et le froid.
Rose. Une renaissance.
Noir. Libres.
Et toujours le chanteur chantait:
"Whatever Possessed me, darling, don't ignore why you possessed me..."
http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/chet%20baker%20whatever
Chaque nuit, la ville de Stock reposait entre ombres et lumière. L'éclairage urbain était toujours insuffisant à vaincre ce rideau compact de froid. Chaque lampadaire ne formait à qu'un simple ilot de lumière jaunâtre, insalubre, alors que tout autour règnait le pur froid nocturne. Les nuits de blizzards, cet infime cône était le seul à révéler les tourbillons violents de la neige virevoltante, et alors la ville entière semblait vouloir se refuser au passant, jusque dans ses plus infimes recoins. Sur Stock, le froid était partout.
Sur Stock, une jeune femme fumait. Adossée au poteau d'un lampadaire, elle avait une jambe appuyée contre le métal et l'autre fermement appuyée sur l'asphalte, dans la neige fondue et boueuse. C'était l'automne et la température se faisait clémente sur la ville, avec deux degrés Celsius.
Elle était svelte, un léger type asiatique était perceptible dans ses traits. Les yeux fins et attentifs, comme si jamais elle ne devait laisser une seule image échapper à sa rétine. Elle portait des cheveux assez courts, noir de jais.
Mais même le poids de son lourd caban de tissu noire ne pouvait faire oublier qu'elle était seule, et frêle. Toutefois elle paraissait parfaitement détendue, comme inconsciente de sa vulnérabilité, ses yeux se posant sur tout et n'oubliant rien. L'image même de la détermination.
Elle attendait dans ce havre de lumière de la nuit Stockienne. Fumant tranquillement une longue cigarette blanche, des volutes de fumée bleutée s'enroulant autour d'elle, elle attendait. Sans impatience, elle laissait le vent s'écouler autour d'elle, à peine remonta elle une fois le col de son manteau.
Elle resta là vingt bonne minutes, sans paraître devoir bouger. Immuable. Pourtant, lorsqu'elle jeta sa cigarette consumée d'une simple pichennette, une autre personne se tenait dans la lumière.
"Bonsoir Sophie..
-Bonsoir Yaeli."
Elles restèrent face-à-face quelques instants, sans paraître avoir besoin de parler.
La nouvelle venue était à peine plus grande, et d'un type asiatique plus marqué. Elle avait les mêmes cheveux noirs et raides qu'elle portait plus longs, noués en une longue queue de cheval. Son visage était une véritable oeuvre d'art, sculpté par un maître. Sa beauté rayonnait là ou l'autre n'était que discrète.
La première arrivée sortit de sa poche un paquet de cigarette, et l'offrit. Yaeli Xingjian attrapa une sèche. Sophie fit de même et alluma les deux cigarettes.
En lançant quelques volutes dans l'air, ce fut elle qui parla:
"Tu te sens prête?
-Et toi?" Répondit l'autre.
Curieusement, elles rirent toute deux nerveusement. Un rire qui hésitait entre complicité et incertitude. Il n'y avait nulle joie dans ce rire.
"-Bon...Allons y."
Elles quittèrent ensemble le laigre havre de lumière pour traverser la rue. En face d'elle, le trottoir était éclairé par intermitance d'un rose fluo lavasse. Le néon clignotant d'un club glauque, dans une quartier glauque, sur une planète glauque.
La lumière était rose.
"Tu es sûre que tu veux..."
L'ombre était noire.
"Oui."
Le trottoir était rose.
"Tu sais que..."
Un visage était sombre.
"Sophie...Je veux le faire."
Un rose était altéré par les vapeurs bleutée de la fumée d'une cigarette.
"D'accord."
Noir.
"Petite soeur?"
Rose. Un soupir.
Noir. Un silence.
Rose. Une inspiration.
"Je serais toujours là."
Noir. Une reconnaissance.
"Je sais."
Et le rose éclaira une jeune femme qui donnait à sa soeur une longue arme noire, équipée d'un silencieux.
Toutes deux rentrèrent dans le club.
Le club du Caveau jouait lui entre ombre et lumières. Derrière le guichet minuscule, un simple escalier en colimaçon descendait vers les profondeurs de l'endroit.
Le groupe baignait dans la lumière crue, blanche et aveuglante, des projecteurs. C'était un simple trio sans fioritures. Le pianiste était un vieil homme qui jouait avec délicatesse de ses mains noueuses,
le percussioniste jouait les yeux fermés. Hypnotisé, absorbé, ou drogué.
Le trompettiste et chanteur était un jeune homme au physique d'anorexique, on aurait juré que chaque souffle menacait d'être son dernier, mais il jouait avec la sensibilité des plus grands.
Le reste de la salle était obscur, quelques rares bougies laissaient deviner des visages et des ombres autour des tables.
Dès qu'elle furent arrivées dans la salle, les deux jeune femmes se séparèrent. Yaeli longeant la scène dans la lumière, Sophie se glissant telle une ombre entre les tables, ne quittant pas sa soeur des yeux.
Yaeli progressa jusqu'à la table qu'elle cherchait. L'homme qui y était accoudé était blond, de taille moyenne, au visage élégant.
Son visage se fendit d'un grand sourire lorsqu'il vit sa protégée s'asseoir à sa table:
"-Yaeli! Ma toute belle!
-Bonsoir." Le ton était parfaitment indifférent. Le blond s'esclaffa:
"-On est d'humeur rebelle se soir. Qu'est ce que tu me ramènes?
-Rien.
-Pardon? L'homme remua dans son costume d'un air gêné. La meilleure voleuse de Stock, ma perle, ne réussi pas à me ramener quoi que ce soit d'Avalon? Tu sais que je ne peux pas vraiment laisser passer ce genre de chose Yaeli?
-Tu ne m'a pas compris je crois. J'arrête Yvan. Elle prit une inspiration profonde avant de prononcer le dernier mot. Définitivement.
Elle avait parlé d'un ton ferme, mais on aurait pu sentir un léger tréssautement dans sa voix. Du moins sa soeur sût-elle l'entendre.
L'homme blond explosa de rire.
"-C'est donc maintenant que ça arrive? Ca fini toujours par arriver...Oh non, tu n'arrêtes pas. tu ne risques pas d'arrêter.
-Ecoutes, je...
-C'est toi qui va m'écouter chère petite chose.
Il avait soudain reprit un ton mortellement sérieux, comme si son rire n'avait été qu'une façade.
"-Ecoutes moi. Jamais tu n'arrêteras, parce que sans moi, tu n'es rien. Imagines toi sans moi...Portes closes, portes closes...Et peut-être autre chose. Il était calme, presque fataliste.
-Je tente le coup."
Aussi soudainement que si une légère trille de la trompette avait fait sauter une goupille inconnue, il se leva en renversant la tableet rugit:
"TU NE TENTES RIEN DU TOUT!"
Presqu'involontairement, la jeune femme baissa la tête. De longues années de soumission laissaient leur marque. Elle respira profondément, et lorsqu'elle la releva et planta son regard dans les yeux de l'homme, ses yeux étaient ardents.
Sans paraître même s'en rendre compte il lui attrapa l'épaule.
"Tu ne comprends pas. Tu ne feras rien sans moi. Tu m'appartiens Yaeli. Tu es ma perle."
Le pianiste plaque un dernier accord, il y eût un silence, et la voix pure du chanteur s'éleva. Comme une réponse.
"Whatever Possessed me..."
Yaeli ne put s'empêcher de sourire, un sourire de triomphe. Et comme un écho, elle parla d'une voix mélodieuse.
"Qu'importe ce qui me possède. Qu'importe même que tu me possèdes. Il suffit de le décider et..."
Elle laissa la phrase en suspend, dans le creux d'un accord doux.
L'homme la gifla. Yaeli reçut sans un geste ce qu'elle aurait aisément pût parer. Elle ne se plaignit pas, n'émit pas un son, accepta totalement l'affront. Il suffisait de le décider...Et on était libre.
L'homme hurla:
"-Mais sans moi tu n'as personne!"
De la table de derrière, sa soeur sortit alors de l'ombre. Elle tenait un long pistolet noir, équipé d'un silencieux. Elle aggrippa le cou de l'homme, lui griffant la pomme d'Adam, et lui planta l'arme dans les côtes.
Lorsqu'elle parla, sa voix était de pure haine.
"Ecoutes moi bien, Yvan le connard. Yaeli ne seras jamais seule, plus jamais. Et je crois que tu viens de faire une erreur mortelle."
Elle tira à bout touchant. La balle perfora le coeur, et Sophie retint l'homme dans sa chute, jusqu'à l'affaler complètement sur la table. Au milieu d'une trille, le coup était passé inaperçu. D'un calme absolu, Yaeli glissa une carte de visite dans la poche intérieure du costume de son ancien maître. Le billet portait la mention:
"Avec tout mon amour. Yaeli Xingjian, agente des KI-0."
Sophie et Yaeli Xingjian se levèrent et sortirent tranquillement du Caveau. Le vent était retombé sur Stock, elle disparurent dans la nuit et le froid.
Rose. Une renaissance.
Noir. Libres.
Et toujours le chanteur chantait:
"Whatever Possessed me, darling, don't ignore why you possessed me..."
Felix65- Admin
- Messages : 1024
Date d'inscription : 12/05/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|